الاثنين، 20 نوفمبر 2006

L’adversaire

C’était le 11 septembre. Détournés de leur mission ordinaire par des pilotes décidés à tout, les avions foncent vers le cœur de la grande ville, résolus à abattre les symboles d’un système politique détesté. Très vite : les explosions, les façades qui volent en éclats, les effondrements dans un fracas d’enfer, les survivants atterrés fuyant couverts de débris. Et les médias qui diffusent la tragédie en direct…
New York, 2001 ? Non, Santiago du Chili, 11 septembre 1973. Avec la complicité des États-Unis, coup d’état du général Pinochet contre le socialiste Salvador Allende, et pilonnage du palais présidentiel par les forces aériennes. Des dizaines de morts et le début d’un régime de terreur long de quinze ans…
Par delà la légitime compassion à l’égard des innocentes victimes des attentats de New York, comment ne pas convenir que les États-unis ne sont pas –pas plus que nul autre– un pays innocent ? N’ont-ils pas participé à des actions politiques violentes, illégales et souvent clandestines en Amérique latine, en Afrique, au Proche Orient, en Asie... ? Dont la conséquence est une tragédie cohorte de morts, de « disparus », de torturés, d’embastillés, d’exilés…
L’attitude des dirigeants et des medias occidentaux, leur surenchère proaméricaine ne doivent pas nous masquer la cruelle réalité. À travers le monde, et en particulier dans les payes du sud, le sentiment le plus souvent exprimé par les opinions publiques à l’occasion des ces condamnables attentats a été : « ce qui leur arrive est bien triste, mais ils ne l’ont pas volé ! ».
Pour comprendre une telle réaction, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que, tout au long de la « la guerre froide » (1948-1989), les États-unis s’étaient déjà lancés dans une « croisade » contre le communisme. Qui prit parfois des allures de guerre d’extermination : des milliers de communistes liquidés en Iran, 200 000 opposants de gauche au Guatemala, près d’un million de communistes anéantis en Indonésie.
Les pages les plus atroces du livre noir de l’impérialisme américain furent écrites au cours de ces années, marquées également par les horreurs de la guerre du Vietnam (1962-1975).
C’était déjà « le bien contre le mal ». Mais à l’époque, selon Washington, soutenir des terroristes, n’était pas forcément immoral. Par le biais de la CIA, les États-unis préconisèrent des attentats dans des lieux publics, des détournements d’avions, des sabotages et des assassinats.
À Cuba contre le régime de M. Fidel Castro, au Nicaragua contre les sandinistes, ou en Afghanistan, contre les Soviétiques.
C’est là, en Afghanistan, avec le soutien de deux états très peu démocratiques, l’Arabie saoudite et le Pakistan, que Washington encouragea dans les années 1970, la création de brigades islamistes recrutées dans les pays arabo-musulmans et composées de ce que les médias appelaient « freedom fighters », les combattants de la liberté ! C’est dans ces circonstances, on le sait, que la CIA engagea et forma le désormais célèbre Oussama Ben Laden.
Depuis 1991, les États-unis se sont installés dans une position d’hyper puissance unique et ont marginalisé, de fait, les Nations Unies. Ils avaient promis d’instaurer un « Nouvel ordre international » plus juste. Au nom duquel ils ont conduit la guerre contre l’Irak. Mais en revanche, ils sont demeurés d’une scandaleuse partialité en faveur d’Israël, au détriment des droits des Palestiniens. De surcroît, malgré des protestations internationales, ils ont maintenu un implacable embargo contre l’Irak, qui épargne le régime et tue des milliers d’innocents. Tout cela a ulcéré les opinions du monde arabo-musulman et facilité la création d’un terreau où s’est épanoui un islamisme radicalement antiaméricain.
Comme le Dr Frankenstein, les États-unis voient maintenant leur vieille création –Oussama Ben Laden– se dresser contre eux, avec une violence démentielle. Et s’apprêtent à le combattre s’appuyant sur les deux états –Arabie saoudite et Pakistan– qui, depuis trente ans, ont le plus contribué à travers le monde des réseaux islamistes radicaux, au besoin à l’aide de méthodes terroristes !
Vieux briscards de la guerre froide, les hommes qui entourent le président George W. Bush ne sont sans doute pas mécontents de la tournure que prennent les choses. Peut-être considèrent-ils même qu’il s’agit d’une aubaine. Car, miraculeusement, les attentats du 11 septembre leur restituent une donnée stratégique majeure dont l’effondrement de l’Union Soviétique les avait privés pendant dix ans : un adversaire. Enfin ! Sous le nom de « terrorisme », cet adversaire désigné, chacun l’aura compris, est désormais l’islamisme radical. Tous les dérapages redoutés risquent maintenant de se produire. Y compris une moderne version du Maccarthysme qui prendrait pour cible les adversaires de la mondialisation. Vous avez aimé l’anticommunisme ? Vous adorerez l’anti-islamisme !


Par Ignacio Ramonet
In. Le Monde Diplomatique – Octobre 2001.

هناك 5 تعليقات:

Big Trap Boy يقول...

Ah, j'ai raté la chance d'être le premier commetateur sur ce blog!

A chanfara j'espere une bonne continuation et bravo pour la selection sur ce blog.

Inchallah on te verra pour longtemps ici.

One Love.

الشنفرى يقول...

@BTB

Merci trap, y auras de la continuation... attendez tjr mes nouveautés...

CHABBI يقول...

Chanfra ? le même que celui sur les sites tunisiens en France?Que deviens tu?J'espére que ça roule...
http://bijujunior.blogspot.com/

غير معرف يقول...

Tu savais que les heritier du President Allende ont porté plainte contre Henry Kissenger en tant qu'instigateur du coup d'étatdevant les tribunaux et les nations-unis le 11/09 ! Mais l'information n'a pas eu l'eclat quelle meritait car elle etait occultée par l'attaque de NewYork le jour même !

الشنفرى يقول...

@heliodore
Pas du tout, je ne le savais pas.. Ca merite de chercher des infos sur le net